"[Les vêtements] ont une existence quotidienne et représentent pour moi une possibilité de me connaître au niveau le plus immédiat, car je m'investis en eux dans ma propre vie, et parce qu'ils ont également une existence intellectuelle et s'ouvrent à une analyse systématique par des moyens formels." Roland Barthes, Sytème de la mode
Les vêtements ont toujours été un moyen d'expression, un objet d'identification et un moyen de reconnaissance. Code vestimentaire, tenue professionnelle ou uniforme scolaire, notre style vestimentaire révèle beaucoup sur une époque, une société et une culture. Et si de nos jours nous nous imaginons libérés des contraintes vestimentaires, de nombreuses controverses nous prouvent que le style et l'allure demeurent un sujet d'une grande attention.
De Mark Zuckerberg à Rick Owens ou Jean-Paul Gaultier, les vêtements ne sont pas seulement superficiels ou esthétiques ; ils peuvent même être très politiques.
2012. Le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a sollicité des investisseurs potentiels pour sa société. Il portait son sweat à capuche comme d'habitude.
Un style vestimentaire habilement planifié, qui rappelle un autre leader populaire, Steve Jobs, qui portait fièrement une garde-robe uniforme : jeans, col roulé et baskets. Ce look, bien qu'il ne soit pas inhabituel, a suscité une vive controverse et a même reçu un nom : « l'affaire du sweat à capuche ». Mais pourquoi un tel émoi pour un simplesweatshirt?
Les commentateurs ont estimé que Mark Zuckerberg manquait de respect envers ses interlocuteurs et son statut de leader a été remis en question.
La même année 2012, le sweat à capuche, à l'inverse, est devenu un étendard et a prouvé que les vêtements pouvaient également devenir un symbole de protestation.
Trayvon Martin a été tué par un policier aux États-Unis, et l'acquittement de l'auteur a provoqué une vague de manifestations en hommage au jeune garçon.
Les manifestants portaient un simple sweatshirt, en signe d'appartenance à un groupe social et pour illustrer le fait que les vêtements peuvent également devenir un catalyseur de stéréotypes.Mais les vêtements sont également un grand terrain de jeu et un espace de grande liberté. Jean-Paul Gaultier, dans les années 80, a marqué son époque par son insolence et son non-conformisme.
Visionnaire, il a inversé les codes de genre, inventant une jupe pour les hommes, à une époque où les femmes se tournaient vers une garde-robe plus masculine et non l'inverse.Les débuts d'une garde-robe gender-free qui s'est généralisée aujourd'hui.
Il reste à voir où se trouvent les limites à la liberté de s'habiller, et quelles transgressions feront la une ensuite.
Peut-être en étant à peine vêtu, voire pas du tout, comme lors du défilé de mode de Rick Owens en 2015. Nus sous leurs tenues, la longueur des chemises et des robes révélaient volontairement l'entrejambe des mannequins du designer.
Une autre manière de provoquer et de bousculer les codes de l'industrie de la mode, encore et encore.