Pour assurer leur protection, les humains ont besoin de vêtements, de nourriture et d'un abri. Ainsi, la création de tissus (et la technique du tissage) est ancestrale et universelle. En effet, le tissage est une technique ancienne qui nous a permis de construire deux types principaux de protection humaine : les abris et les vêtements.
En croisant des matériaux comme des branches d'arbres, nous avons créé une manière de construire les premiers abris et murs, et en croisant des fils, nous avons fabriqué des vêtements. Selon l'architecte et théoricien allemand Gottfried Semper (1803-1879), le tissage est à l'origine de l'architecture. Cette technique représente une protection à travers les vêtements, mais aussi à travers l'architecture.
En architecture, le tissage est défini comme un processus de construction par entrelacement ou tissage de bandes ou de brins de matériau souple, généralement du bambou. C'est une technique datant de 10 à 12 mille ans et c'est aussi un savoir multiculturel que l'on peut retrouver presque partout dans le monde. Même si les motifs et les techniques spécifiques peuvent varier d'un endroit à un autre, il existe des connaissances communes basées sur les propriétés inhérentes des matériaux utilisés.
. Étant universelle, la technique est toujours presque la même. Ce sont les éléments culturels qui apporteront différentes caractéristiques : influencés par certains facteurs tels que les matériaux et les influences ethnologiques comme la religion, la politique et le climat.
En utilisant différents types de fibres, différentes communautés du monde entier ont pu créer différents types d'objets, tels que des paniers ou des chapeaux, mais aussi des murs et des ponts. Le tissage traditionnel est toujours réalisé en utilisant différents types de fibres naturelles.
Par exemple, en utilisant des techniques traditionnelles de tissage et des matières premières locales, les communautés du sud des Andes revitalisent chaque année le pont Q'eswachaka. Ce pont, suspendu par des cordes au-dessus d'un gouffre de la rivière Aupurimac, est considéré comme un moyen de renforcer les liens sociaux entre différentes communautés paysannes (Huinchiri, Chaupibanda, Choccayhua et Ccollana Quehue). Pour ces communautés, il est une expression sacrée du lien entre les communautés et la nature, la tradition et l'histoire.
Lors de sa rénovation, qui dure trois jours, la structure établit une communication, renforce des liens séculaires et réaffirme leur identité culturelle. Le processus commence avec les familles qui coupent et tordent la paille pour en faire des cordes d'environ 70 mètres de long. Deux constructeurs de ponts guident ensuite le processus de torsion pour former des cordes de taille moyenne, qui sont ensuite tressées pour former six grosses cordes. Une fois prêtes, les hommes de la communauté fixent fermement les cordes aux anciennes bases en pierre. Les artisans dirigent ensuite le tissage du pont, chacun commençant à l'extrémité opposée. Une fois le pont terminé, les communautés organisent un festival de célébration. Les techniques de tissage des ponts sont enseignées et apprises au sein du cercle familial.
Selon Muslim (2010), l'utilisation du tissage dans la conception architecturale contemporaine ne vise pas tant à créer un nouveau genre qu'à entreprendre un voyage vers l'origine de l'architecture. En analysant les techniques de tissage traditionnelles, nous pouvons comprendre l'importance de la transmission et également le potentiel de liaison du tissage dans différentes communautés, et comment il peut être une source d'idées puissante dans la conception architecturale.
Mariana MAIA / architecte & designer